Puissance du droit et droit des puissants, Les traités européens et « eurafricains » sous la loupe

Le livre d’Adam Abdou Hassan aborde les relations entre l’Europe et l’Afrique sous l’angle particulier de l’analyse juridique de multiples traités signés, d’abord entre les États colonialistes européens, puis entre la Communauté/Union européenne et le Groupe de pays dit ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique).

Les relations entre l’Europe et l’Afrique restent complexes et marquées par des jeux de pouvoir et de domination qui remontent à l’époque coloniale.

En effet, le XIXesiècle se caractérise par la montée de la compétition inter-coloniale entre les grandes puissances européennes pour le contrôle des territoires de l’Afrique. Les empires coloniaux européens finissent par se mettre d’accord sur la liberté d’entreprise économique et commerciale en Afrique : c’est l’Acte Général de la Conférence de Berlin du 26 février 1885. À travers cet accord, les puissances coloniales se partagent l’Afrique comme un gâteau et en font une grande arène de jeu économico-commercial pour alimenter l’élan industriel des métropoles. Du traité de Berlin à ceux de Rome, en passant par les conventions de Lomé et de Cotonou, le soubassement idéologique de ces accords est la doctrine de l’unité entre l’Europe et l’Afrique, appelée « Eurafrique ». En théorie, les colonisateurs invoquaient un « grand dessein philosophique » basé sur les droits humains, censés être universels. Toutefois, dans les faits, l’esprit et la raison d’être du colonialisme, basé sur le mépris et la domination de l’autre, vont rendre caduque l’application de ce « grand dessein philosophique » pour les Africain⋅es.